Apprentissage dans les grandes écoles : en finir avec une idéologie dévastatrice

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Apprentissage dans les grandes écoles : en finir avec une idéologie dévastatrice

Apprentissage dans les grandes écoles : en finir avec une idéologie dévastatrice

Les Grandes Ecoles font la fierté de la France depuis des décennies. 221 écoles, membres de la Conférence des Grandes Ecoles délivrent 42% des diplômes de grade master en France chaque année avec un taux d’employabilité très haut quelle que soit la conjoncture économique. Non seulement, plus de 80% des jeunes diplômés des grandes écoles trouvent un emploi, trois mois après leur sortie de l’école, mais surtout ils ont des trajectoires de carrière phénoménales en France et à l’International.

Cette réussite est due à un certain nombre de facteurs dont l’apprentissage pratiqué dans un grand nombre d’écoles.

Trop souvent, l’apprentissage est perçu comme un moyen de financement – ce qu’il est, mais il ne faut pas oublier également sa vocation pédagogique. Il permet aux étudiants d’allier théorie et pratique et d’acquérir des compétences qu’ils n’auraient pu obtenir par des stages seulement – Cette approche, sur le long terme, un peu sur le modèle du compagnonnage, est bénéfique pour l’étudiant dans les études supérieures mais aussi pour l’entreprise qui peut le tester sur des projets.

Les résultats sont là !

  1. L’apprentissage dans les écoles conduit à l’emploi. 15% des diplômés des écoles de la Conférence des Grandes Ecoles sont formés par la voie de l’apprentissage. Plus de 90% d’entre eux trouvent un emploi directement à la sortie de l’école, pour certaines filières, ce taux est réalisé avant même la sortie de l’école.  Dans ces cursus par apprentissage, l’ouverture sociale joue à plein. Il y a deux fois plus d’étudiants issus de CSP – , dans la voie par apprentissage.  Les Grandes Ecoles assurent leur rôle de formateur en facilitant l’ouverture sociale par la diversification des voies de financement des frais de scolarité. Elles assurent toutes un emploi de CSP+ à leurs diplômés.  Il serait d’ailleurs intéressant de regarder si les formations par apprentissage dans le secondaire conduisent aux mêmes taux d’insertion professionnelle et d’ascenseur social !
  2. L’ouverture sociale, un modèle juste et méritocratique.  Les grandes écoles ont ouvert grandes leurs portes à tous les talents étudiants quels que soient leurs parcours et leur extraction sociale. Nous avons multiplié les initiatives nationalement et régionalement (les cordées de la réussite entre autres). Aujourd’hui les écoles reçoivent 30% d’étudiants boursiers qui ne s’acquittent que d’une partie des frais de scolarité. L’équilibre des budgets est assuré par la Taxe d’apprentissage qui vient compléter ce dispositif.

Cette formule présente donc nombre d’avantages et doit être développée, nous en sommes tous convaincus.

C’est également le souhait du gouvernement qui a engagé le 25 octobre une concertation sur ce sujet : « Notre objectif est de changer l’image de l’apprentissage et de le transformer en profondeur, de changer d’échelle et d’en faire une voie d’excellence et de réussite pour tous les jeunes », déclarait alors la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.

Nous ne pouvions que souscrire et appuyer cette démarche mais comme toujours en France l’idéologie et les querelles de clocher ne sont jamais loin lorsqu’il s’agit de réformes.

Quelques voix se sont élevées depuis rappelant les enjeux et les effets pervers possibles des propositions parues dans la presse et sur les établissements d’enseignement supérieur. Le discours est plutôt apaisé, mais, notre inquiétude fléchira lorsque les cadres, pérennes seront posés ensemble.

Il nous parait important de rappeler quelques principes importants pour que l’apprentissage soit perçu comme une voie d’excellence (et non une voie de « garage » dans le secondaire) et que, tous ensemble, secondaire et supérieur, nous puissions continuer à remplir notre mission efficacement et sans les à-coups répétés que nous subissons régulièrement.

Quels pourraient être ces principes :

  1. Le premier sur lequel nous pouvons travailler est le continuum de l’apprentissage du secondaire au supérieur. Cette voie qui devrait être linéaire ne l’est pas du tout. Dans le supérieur, l’apprentissage conduit rapidement à des emplois de cadre. Dans le secondaire, c’est une voie peu valorisée dans laquelle les jeunes étudiants souvent en décrochage sont regroupés. Cette filière ne conduit pas aux résultats pour lesquels elle avait été imaginée et mise en œuvre. Il faut un signal politique fort envers l’apprentissage dans l’enseignement supérieur pour montrer aux étudiants et à leurs familles l’excellence de ce type de pédagogie, accessible à tous et dans une logique de professionnalisation.
  2. La mise ne place d’un guichet unique qui opérerait comme un point de rencontre entre les étudiants, les entreprises et les établissements dans les régions. L’idée étant de réduire le « gap » entre l’offre de formation et les besoins des entreprises. Il arrive trop souvent que ces deux acteurs ne se coordonnent pas suffisamment dans les régions et les Métropoles.
  3. Ensuite, évitons l’angélisme. Il y a belle lurette que la formation a un coût, et qu’une analyse du coût complet de la formation d’un étudiant doit être réalisée. Ainsi, sera-t-il plus facile d’analyser les contributions de chacun sur la chaîne de la connaissance.
  4. Les contrats de travail des apprentis doivent permettre de prendre en compte la spécificité des formations dans les écoles. Bien souvent, les étudiants en apprentissage ne peuvent bénéficier de la mobilité internationale ou des doubles diplômes.
  5. Les entreprises financent l’apprentissage à travers deux contributions : le quota et le hors quota. Il faudrait les laisser libres de flécher la partie hors quota, en toute transparence sur les écoles de leurs choix. Plus globalement, il faut que le financement de la part « libre » par les entreprises soit totalement transparent à toutes les étapes de la chaîne des acteurs de l’apprentissage. Cela rassurera les entreprises.
  6. Enfin, selon les régions l’apprentissage est sur une, voire deux années. Une période contractuelle de trois ans serait bénéfique pour les étudiants et pour les entreprises, notamment si celle-ci est en lien avec la formation par apprentissage qui s’est tenue dans le secondaire.

Les écoles sont prêtes à travailler sur des engagements précis, en matière d’ouverture sociale, ou sur des programmes spécialisés sur le continuum lycée-supérieur, sur toute forme de conditions pérennes et transparentes qui permettent à tous les acteurs de s’y retrouver et de continuer encore plus efficacement ce qui a été entrepris depuis des années. L’ensemble des acteurs semblent conscients des enjeux mais attention à ce que cette réforme accouche d’une énième usine à gaz.